Le flou




Nous utilisons des images lors de l’élaboration de projets d’espaces publics pour échanger avec les futurs gestionnaires, les jardiniers, les habitants, les autres partenaires de projets. Les images sont une invitation au débat avec nos interlocuteurs, pour tester nos idées, guider notre intuition, enrichir notre invention.

Lorsque l’on dit le mot “arbre” par exemple, on définir un élément “arbre” sans pour autant en donner la variété, la couleur, la grandeur, sans décrire son environnement. Lorsque l’on fait une photo d’un arbre on donne à voir tout de suite, sa matière, sa texture, son environnement, c’est là la difficulté de pouvoir avancer pas à pas avec des images sans définir à l’avance trop de chose. C’est pour cette raison que même la plus simple des photos est toujours retravaillée, triturée, pour éliminer les idées parasites, trop avancées.

Nous utilisons le flou, c’est un moyen simple pour gommer sans tout enlever. C’est dans l’espace du flou que nos interlocuteurs peuvent avancer leurs propres idées. Ne pas finir complètement la description tout en laissant quelques traces / guides, permet de continuer le dialogue, d’envisager des modifications possible, des évolutions.

Le végétal est toujours en mouvement, il vit. Le décrire de façon trop précise est illusoire. Il est important de tenter la maîtrise des changements mais il faut qu’à un certain moment la chose nous échappe, soit rendue aux usagers, que les plantations soient autonomes. Le flou est cet espace de la libération, de notre abandon à la vie. Le projet de jardin, comme celui de l’espace public est toujours inachevé, toujours en train de ce faire, suivant les usages, les saisons …